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frait. Il pressentit qu’entre lui et Rodolphe il y avait un abîme.

— Bien, bien ! — lui dit Rodolphe — tu as encore du cœur et de l’honneur…

— Ma foi ! je n’en sais rien — dit le Chourineur tout ému ; — mais ce que vous me dites là… voyez-vous… jamais je n’avais rien senti de pareil… Ce qu’il y a de sûr, c’est que ça… et les coups de poing de la fin de ma raclée… qui étaient si bien festonnés, et qui auraient pu ne finir que demain, tandis qu’au contraire vous me payez à souper… et vous me dites des choses… Enfin suffit, c’est à la vie et à la mort, vous pouvez compter sur le Chourineur.

Rodolphe reprit plus froidement, ne voulant pas laisser deviner l’émotion qu’il ressentait :

— Es-tu resté long-temps aide-équarisseur ?

— Je crois bien… D’abord ça avait commencé par m’écœurer d’égorger ces pauvres vieilles bêtes… après, ça m’avait amusé ; mais quand j’ai eu dans les environs de seize ans et que ma voix a mué, est-ce que ça n’est pas