tourné la vue ; elle ne se rendait pas compte de l’impression que lui causait cet inconnu. Gênée, oppressée par sa présence, elle se reprochait de se montrer si peu reconnaissante envers celui qui l’avait arrachée des mains du Chourineur ; elle regrettait presque d’avoir si sincèrement raconté sa vie devant Rodolphe.
Le Chourineur, au contraire, se trouvait fort en gaieté ; à lui seul il avait dévoré l’arlequin ; le vin et l’eau-de-vie le rendaient très-communicatif ; la honte d’avoir trouvé son maître, comme il disait, s’était effacée devant les généreux procédés de Rodolphe, et il lui reconnaissait d’ailleurs une si grande supériorité physique, que son humiliation avait fait place à un sentiment qui tenait de l’admiration, de la crainte et du respect.
Cette absence de rancune, la sauvage franchise avec laquelle il avouait avoir tué et avoir été justement puni, l’orgueil féroce avec lequel il se défendait d’avoir jamais volé, prouvaient au moins que, malgré ses crimes, le Chourineur n’était pas un être complètement endurci.
Cette nuance n’avait pas échappé à la saga-