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tin. Pour ne tromper personne, je dis que je sors de prison depuis deux mois, et que j’ai bonne envie de travailler ; on me montre la porte. Je demande de l’ouvrage à emporter ; on me dit que je me moque du monde en demandant qu’on me confie seulement une chemise. Comme je m’en retournais bien triste… j’ai rencontré l’ogresse et une des vieilles qui étaient toujours après moi depuis ma sortie de prison… Je ne savais plus comment vivre… Elles m’ont emmenée… elles m’ont fait boire de l’eau-de-vie !… Et voilà !…

— Je comprends — dit le Chourineur ; — je te connais maintenant comme si j’étais tes père et mère et que tu n’aurais jamais quitté mon giron. Eh bien ! voilà, j’espère, une confession.

— On dirait que ça t’attriste, ma fille, d’avoir raconté ta vie — dit Rodolphe.

— Le fait est que ça me chagrine de regarder ainsi derrière moi ; depuis mon enfance, c’est la première fois qu’il m’arrive de me rappeler toutes ces choses-là à la fois… et ça n’est pas gai… n’est-ce pas, Chourineur ?