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dolphe ; c’est depuis ce temps-là qu’on m’a appelée la Goualeuse au lieu de la Pégriotte. Enfin j’attrape mes seize ans, je sors de prison… Voilà qu’à la porte je trouve l’ogresse d’ici et deux ou trois vieilles femmes qui étaient quelquefois venues voir mes camarades prisonnières, et qui m’avaient toujours dit que, le jour de ma sortie, elles auraient de l’ouvrage à me donner.

— Ah ! bon ! bon ! j’y suis, dit le Chourineur.

— « Mon dauphin, mon bel ange, ma belle petite, me dirent l’ogresse et les vieilles… voulez-vous venir loger chez nous ? nous vous donnerons de belles robes, et vous n’aurez qu’à vous amuser. »

— Tu sens bien, Chourineur, qu’on n’a pas été huit ans en prison sans savoir ce que parler veut dire. Je les envoie promener, ces vieilles embaucheuses. Je me dis : « Je sais bien coudre, j’ai trois cents francs devant moi, de la jeunesse… »

— Et de la jolie jeunesse… ma fille ! — dit le Chourineur.

— Voilà huit ans que je suis en prison, je