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pour ouvrir la porte aux autres. Il faut la mener chez le commissaire. »

— Ah ! la fichue bête de marchand de bois…

— On me mène chez le commissaire. Je défile mon chapelet, je m’accuse d’être vagabonde ; on m’envoie en prison ; je suis citée à la correctionnelle ; condamnée, toujours comme vagabonde, à rester jusqu’à seize ans dans la maison de correction. Je remercie bien les juges de leur bonté… Dame !… tu penses, dans la prison… j’avais à manger ; on ne me battait pas, c’était pour moi un paradis auprès du grenier de la Chouette. De plus, en prison, j’ai appris à coudre. Mais voilà le malheur ! j’étais paresseuse et flâneuse ; j’aimais mieux chanter que travailler, surtout quand je voyais le soleil… Oh ! quand il faisait bien beau dans la cour de la geôle, je ne pouvais pas me retenir de chanter… et alors… comme c’est drôle !… à force de chanter, il me semblait que je n’étais plus prisonnière.

— C’est-à-dire, ma fille, que tu es un vrai rossignol de naissance — dit Rodolphe en souriant.

— Vous êtes bien honnête, monsieur Ro-