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Rodolphe se sentait profondément ému. Il était satisfait de l’horrible impression que la vue du sang avait causée à son protégé.

Un moment, chez le Chourineur, la bête sauvage, l’instinct sanguinaire avait vaincu l’homme ; mais le remords avait vaincu l’instinct. Cela était beau, cela était un grand enseignement.

Il faut le dire à la louange de Rodolphe, il n’avait pas désespéré de ce mouvement. Sa volonté, non le hasard, avait amené la scène de la tuerie.

— Pardonnez-moi, monseigneur — dit timidement le Chourineur — je récompense bien mal vos bontés pour moi… mais…

— Loin de là… vous comblez mes vœux… Pourtant, je l’avoue, je n’étais pas certain de trouver chez vous cette sainte exaltation du remords.

— Comment, monseigneur ?

— Écoutez — dit Rodolphe — voici quelle avait été ma pensée ; j’avais choisi pour vous l’état de boucher, parce que vos goûts, vos instincts vous y portaient…

— Hélas ! monseigneur, c’est vrai… Sans