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— Oh ! non… ma faim a passé…

— Mais regarde donc mon maître… ma fille ! — dit le Chourineur en riant d’un gros rire et indiquant Rodolphe du regard. — Est-ce que tu n’oses pas le reluquer ?

La Goualeuse rougit et baissa les yeux sans répondre.

Au bout de quelques moments, l’ogresse vint elle-même placer sur la table de Rodolphe un broc de vin, un pain et l’arlequin dont nous n’essaierons pas de donner une idée au lecteur, mais que le Chourineur sembla trouver parfaitement de son goût, car il s’écria :

— Quel plat ! Dieu de Dieu !… quel plat ! c’est comme un omnibus ! Il y en a pour tous les goûts, pour ceux qui font gras et pour ceux qui font maigre ; pour ceux qui aiment le sucre et ceux qui aiment le poivre… Des pilons de volaille, des queues de poisson, des os de côtelette, des croûtes de pâté, de la friture, du fromage, des légumes, des têtes de bécasse, du biscuit et de la salade. Mais mange donc, la Goualeuse… c’est du soigné… Est-ce que tu as nocé aujourd’hui ?

— Nocé ! Ah ! bien oui ! J’ai mangé ce ma-