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moi, se sont trouvés dans la peine, dans le crime, et qui en sont sortis, comme vous dites, avec du cœur et de l’honneur. Sauf votre respect, c’est comme dans l’armée : quand tout un bataillon a donné à mort, on ne peut pas décorer tout le monde, il n’y a que quatre croix pour cinq cents braves ; mais ceux qui n’ont pas l’étoile se disent : « Bon… je l’aurai une autre fois, » et l’autre fois ils chargent plus à mort encore.

Rodolphe écoutait son protégé avec bonheur. En rendant à cet homme l’estime de soi, en le relevant à ses propres yeux, en lui donnant pour ainsi dire la conscience de sa valeur, il avait presque instantanément développé dans son cœur et dans son esprit des réflexions remplies de sens, d’honorabilité, on dirait presque de délicatesse.

— Ce que vous me dites là, Francœur — reprit Rodolphe — est une nouvelle manière de me prouver votre reconnaissance… Je vous en sais gré.

— Tant mieux, monseigneur, car je serais bien embarrassé de vous la prouver autrement.