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comprit pas ce que Rodolphe lui disait, quoique ses paroles fussent très-claires.

Celui-ci reprit avec bonté :

— Je conçois votre surprise ; mais je vous le répète, cette maison et cet argent sont à vous, sont votre propriété.

Le Chourineur devint pourpre, passa sa main calleuse sur son front baigné de sueur, et balbutia d’une voix altérée :

— Oh ! c’est-à-dire… c’est-à-dire… ma propriété…

— Oui… votre propriété… puisque je vous donne tout cela ; comprenez-vous ? je vous le donne à vous…

Le Chourineur s’agita sur sa chaise, se gratta la tête, toussa, baissa les yeux et ne répondit pas… Il sentait le fil de ses idées lui échapper… il entendait parfaitement ce que lui disait Rodolphe, et c’est justement pour cela qu’il ne pouvait croire à ce qu’il entendait. Entre la misère profonde, la dégradation où il avait toujours vécu, et la position que lui assurait Rodolphe, il y avait un abîme que le service qu’il avait rendu à Rodolphe ne comblait même pas.