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consulter en comptant de sa main droite les pulsations du pouls de Rodolphe.

Ce Noir est triste, pensif ; il regarde Rodolphe endormi avec l’expression de la plus tendre sollicitude.

Le Chourineur, vêtu de haillons, souillé de boue, est immobile au pied du lit ; il a les bras pendants et les mains croisées ; sa barbe rousse est longue ; son épaisse chevelure couleur de filasse est en désordre et imbibée d’eau ; ses gros traits sont durs, bronzés ; pourtant sous cette laide et rude écorce perce une ineffable expression d’intérêt et de pitié… Osant à peine respirer, il ne soulève qu’avec contrainte sa large poitrine ; inquiet de l’attitude méditative du docteur nègre, redoutant un fâcheux pronostic, il se hasarde de faire à voix basse cette réflexion philosophique en contemplant Rodolphe :

— Qui est-ce qui dirait pourtant, à le voir faible comme ça, que c’est lui qui m’a si crânement festonné les coups de poings de la fin !… Il ne sera pas long-temps à reprendre ses forces… n’est-ce pas, monsieur le médecin ? Foi d’homme, je voudrais bien qu’il me