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Pourrons-nous faire comprendre au lecteur notre singulière impression, lorsqu’au milieu de ce vocabulaire infâme, où les mots qui signifient le vol, le sang, le meurtre, sont encore plus hideux et plus effrayants que les hideuses et effrayantes choses qu’ils expriment, lorsque nous avons, disons-nous, surpris cette métaphore d’une poésie si douce, si tendrement pieuse : Fleur-de-Marie ?

Ne dirait-on pas un beau lis élevant la neige odorante de son calice immaculé au milieu d’un champ de carnage ?

Bizarre contraste, étrange hasard ! les inventeurs de cette épouvantable langue se sont ainsi élevés jusqu’à une sainte poésie ! Ils ont prêté un charme de plus à la chaste pensée qu’ils voulaient exprimer !

Ces réflexions n’amènent-elles pas à croire, en songeant aussi à d’autres contrastes qui rompent souvent l’horrible monotonie des existences les plus criminelles, que certains principes de moralité, de piété, pour ainsi dire innés, jettent encore quelquefois çà et là de vives lueurs dans les âmes les plus téné-