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son bonnet un vieux foulard rouge et jaune ; un châle de poil de lapin se croise sur sa poitrine et se noue derrière son dos ; sa robe de laine verte laisse voir des sabots noirs souvent incendiés par sa chaufferette ; enfin, le teint de l’ogresse est cuivré, enflammé par l’abus des liqueurs fortes.

Le comptoir, plaqué de plomb, est garni de brocs cerclés de fer et de différentes mesures d’étain ; sur une tablette attachée au mur on voit plusieurs flacons de verre façonnés de manière à représenter la figure en pied de l’Empereur.

Ces bouteilles renferment des breuvages frelatés de couleur rose et verte, connus sous le nom de parfait amour et de consolation.

Enfin, un gros chat noir à prunelles jaunes, accroupi près de l’ogresse, semble le démon familier de ce lieu.

Par un contraste qui semblerait impossible si l’on ne savait que l’âme humaine est un abîme impénétrable… une sainte branche de buis de Pâques, achetée à l’église par l’ogresse, était placée derrière la boîte d’une ancienne pendule à coucou.