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cueillie ; certaines félicités jettent l’âme dans une ineffable tristesse, dans une sainte mélancolie.

Rodolphe ne fut pas surpris de la gravité de Marie, il s’y attendait. Joyeuse et babillarde, il aurait eu d’elle une idée moins élevée.

Avec un tact parfait, il ne lui fit pas le moindre compliment sur sa beauté, qui brillait pourtant ainsi du plus pur éclat.

Rodolphe sentait qu’il y avait quelque chose de solennel, d’auguste, dans cette espèce de rédemption d’une âme arrachée au vice…

On voyait sur les traits sérieux et résignés de madame Georges la trace de longues souffrances, de profonds chagrins ; elle regardait Marie avec une mansuétude, une compassion déjà presque maternelle, tant la grâce et la douceur de cette jeune fille étaient sympathiques.

— Voilà mon enfant… qui vient vous remercier de vos bontés, monsieur Rodolphe — dit madame Georges en présentant Marie à Rodolphe.

À ces mots de mon enfant, la Goualeuse tourna lentement ses grands yeux vers sa