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poignée d’herbes des champs, choisies par vous pour votre chère Musette.

— Car nous revenons par la prairie, n’est-ce pas, monsieur Rodolphe ?

— Sans doute ; il y a un pont de bois sur la rivière. Au retour, il est, ma foi, bien six ou sept heures : dans ce temps-ci un bon feu bien gai flambe dans la grande cuisine de la ferme ; vous allez vous y réchauffer et causer un moment avec les braves gens qui soupent en rentrant du labour. Ensuite vous dînez avec votre tante. Quelquefois le curé ou un des vieux amis de la maison se met à table avec vous. Après cela, vous lisez ou vous travaillez, pendant que votre tante fait sa partie de cartes. À dix heures, elle vous baise au front, vous remontez chez vous ; et le lendemain matin, c’est à recommencer…

— On vivrait cent ans comme cela, monsieur Rodolphe, sans penser à s’ennuyer un moment…

— Mais cela n’est rien. Et les dimanches ! Et les jours de fêtes !

— Ces jours-là, monsieur Rodolphe ?

— Vous vous faites belle, vous mettez une