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reuse enfant, vous avez souvent de ces sinistres pensées ?…

— Cela vous étonne, n’est-ce pas, monsieur Rodolphe, que j’aie de la honte… pour après ma mort… Hélas ! mon Dieu… on ne m’a laissé que celle-là…

Ces douloureuses et amères paroles frappèrent Rodolphe.

Il cacha sa tête dans ses mains en frémissant : il songeait à la fatalité qui s’était appesantie sur Fleur-de-Marie… ; il songeait à la mère de cette créature pauvre… Sa mère… elle était heureuse, riche, honorée peut-être…

Honorée… riche… heureuse… et son enfant, qu’elle avait sans doute atrocement sacrifiée à la honte, avait quitté le grenier de la Chouette pour la prison, la prison pour l’antre de l’ogresse ; de cet antre elle pouvait aller mourir sur le grabat d’un hôpital… et après sa mort…

Cela était épouvantable.

La pauvre Goualeuse, voyant l’air sombre de son compagnon, lui dit tristement :

— Pourtant, monsieur Rodolphe, je ne devrais pas avoir de ces idées-là… Vous m’emmenez avec vous pour être joyeuse, et je vous dis