— Sans compter que ses deux gros coqs-d’Inde, qui sont si mauvais, vous dévisageraient si on avait le malheur d’entrer la nuit dans le perchoir, où Bruyère perche dans le nid qu’elle s’est fait, au-dessus de ses bêtes, comme un moigneau, témoin le gros Sylvain, qui a voulu y entrer l’été passé, dans le perchoir, et qui a manqué être aveuglé.
— Et monsieur Beaucadet, le chef aux gendarmes, qui avait voulut bêtiser avec Bruyère, et qui a été obligé de filer plus vite que ça devant les deux coqs-d’Inde, vrais enragés.
— Sûr que ses bêtes sont aussi charmées, et j’en voudrais pas manger… si mon sort était d’en manger, comme dit la Robin.
Plusieurs paysans : un vieillard, un homme d’un âge mûr et une femme portant un enfant, entrant alors dans la cour de la métairie, se dirigèrent vers le groupe des gens de la ferme.
— Bon, — dit la Robin, — voilà bien sûr des pratiques pour la Bruyère… Mais je ne les connais pas encore, celles-là.
— Bruyère est-elle à la ferme ? — demanda un des nouveau-venus.
— J’en étais sûre, — se dit la Robin en manière d’à-parté ; — puis elle reprit tout haut : — Vous voulez lui parler pour qu’elle vous conseille, n’est-ce pas, mes bonnes gens ?
— Oui, ma brave fille… nous sommes du côté du Val ; on nous a parlé d’elle, et nous sommes partis après l’ouvrage.
— La petite devrait être rentrée, — reprit la Robin ; — mais vous ne l’attendrez pas longtemps… Si vous voulez la voir plus tôt, allez jusqu’au ru, à main gauche en sortant d’ici ; Bruyère reviendra pour sûr par la passerelle.
— Merci, ma bonne fille, — dit le plus vieux des deux paysans.
Puis ses compagnons et lui sortirent de la métairie.
— Bon, — dit la Robin en voyant s’éloigner les pratiques de Bruyère, — la procession continue ; maintenant, c’est les gens du Val, vous verrez que l’on viendra jusque de la Beauce pour qu’elle conseille.
— Preuve de plus qu’elle est charmée, cette petite.
— Oui, oui, à coup sûr, faut qu’elle soit charmée, — reprit la Robin, — pour rester si mignonne.
— Et ses cheveux luisants comme une écorce !
— Et sa couronne et ses bouquets !
— Et ses drôles de ceintures !