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triomphes. Hélas ! les pensées de vengeance… la vengeance, même satisfaite, ne laissent au cœur que tristesse et amertume…

Serait-il donc possible, mon Dieu, que la dégradation précoce où l’abandon et la misère ont jeté Basquine, ait fatalement flétri dans son germe une des existences les plus belles, les plus glorieuses qu’une femme puisse rêver ?

 
 

Du moins je sais où est Basquiñe ; je pourrai lui écrire.

À la suite de cette notice sur Basquine, on lisait dans le même journal :

« À propos de ce juste hommage rendu, à l’étranger, à l’une de nos plus célèbres artistes, nous sommes heureux de pouvoir annoncer au public un nouveau volume de poésies de M. Balthazar Roger, qui le premier a chanté Mademoiselle Basquine. Nous ne doutons pas du succès et du retentissement de ce nouvel ouvrage de M. Balthazar Roger dont la place est désormais marquée parmi nos poëtes les plus illustres. »

 
 

18 juin 18…

Quel est ce mystère ? depuis deux mois le prince reste presque continuellement enfermé chez lui ; un homme de quarante ans environ, à l’air grave, vient chaque matin, reste seul avec M. de Montbar pendant deux heures, et revient encore dans l’après-midi.

Plusieurs caisses de livres sont arrivées à l’hôtel. Le vieux Louis, naguère soucieux, accablé, paraît de plus en plus gai, le prince lui-même semble calme, réfléchi, il sort rarement ; sa vie semble occupée, studieuse ; il vient quelquefois chez la princesse dans la matinée, mais la même froideur semble exister dans leurs rapports.

On a retiré du grand salon de réception, où il était exposé avec d’autres tableaux de famille, et l’on a transporté dans le cabinet du prince le portrait du maréchal prince de Montbar, à la fois homme de guerre et homme d’État, l’un des personnages les plus éminents, les plus justement célèbres de son siècle, et dont l’influence a été heureuse et grande sur les affaires publiques de ce temps-là.

Pourquoi le prince a-t-il fait transporter dans son cabinet le portrait