Heureusement pour moi la princesse, après être allée, selon sa coutume, vers les trois heures, savoir si son père pouvait la recevoir, a fini la journée chez Mme Wilson, où elle a dîné.
Le prince, de son côté, dînait au club.
Je suis sorti de l’hôtel, marchant comme un fou devant moi, sans savoir où j’allais, poursuivi par les voluptueuses et ardentes visions de cette matinée maudite…
Régina, les cheveux dénoués et debout dans sa baignoire de marbre… Régina assise au coin de sa cheminée…
Je ne peux pas achever… ces souvenirs me brûlent, me tuent…
Oh ! mourir… mourir, ou plutôt fuir ces tortures sans nom que je ne soupçonnais pas.
Non, il ne faut pas fuir… ce serait lâche, ce serait indigne.
Régine a besoin de moi… plus encore peut-être que par le passé… mes pressentiments ne me trompent pas… ils sont trop douloureux pour cela… Régina aime… ou aimera le capitaine Just…
Mais que faire, mon Dieu ! que faire ? Je suis homme… je suis jeune, j’aime éperdûment, et elle est toujours là !
— Que faire ? dompte-toi, brise-toi !… ferme les yeux à ce qu’il y a de rayonnant dans la beauté de ta maîtresse, ferme tes oreilles à ce qu’il y a de trop séduisant dans sa voix, étouffe les palpitations de ton cœur, éteins l’ardeur de ces désirs qu’enflamment un mot, un regard, un mouvement de cette femme que tu dois vénérer… et que tu outrages… par de coupables imaginations ; noye ce honteux amour dans le ridicule amer, sanglant, atroce, qui doit jaillir pour toi de cette pensée :