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de M. de Montbar, que l’on attend vers la fin du mois, ne cause les anxiétés de la princesse. Elle prévoit que le moment de prendre un parti décisif approche. J’ai d’ailleurs entendu quelques paroles bien significatives qu’elle disait à Just ; ces paroles, les voici :

Tout… ou rien… toujours… ou jamais !

Je connais la décision du caractère de Régina, l’avenir et le passé de son amour sont dans ces mots-là.


19 décembre 18…

Madame Wilson, qui était, je crois, à demi confidente de l’amour de la princesse, est retenue à la campagne par une grave maladie de sa fille Raphaële : la correspondance de ma maîtresse avec Madame Wilson devient de plus en plus fréquente.


20 janvier 18…

Le prince est arrivé depuis plusieurs jours ; chose incompréhensible pour moi, il est absolument le même pour Régina qu’avant son départ, poli, mais railleur et froid ; il évite seulement avec une affectation marquée toutes les occasions de parler du capitaine Just.

Le retour du prince a eu au contraire une visible influence sur Régina ; sa préoccupation, sa tristesse, son agitation sont devenues extrêmes. Une crise est imminente, elle le sent, de grands événements domestiques se préparent ici.

Je redouble de surveillance… Régina ne se confie pas à moi… c’est à moi d’agir au besoin sans elle et pour elle.


2 février 18…

Je suis effrayé de la puissance que j’ai à cette heure entre les mains…

Hier soir, après des efforts de pénétration incroyables, des démarches inouïes, j’ai enfin obtenu la dernière preuve dont j’avais besoin pour rendre la réhabilitation de la mémoire de la mère de Régina évidente, palpable, flagrante.

Cette femme est morte martyre du plus admirable dévouement dont l’amitié ait jamais été capable. Jamais la religion du serment de la promesse jurée ne s’est montrée plus héroïque.