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CHAPITRE V.

La nouvelle Basquine. — Jeannette et Bamboche sont malades. — Poireau, la queue rouge. — Sa haine pour Léonidas. — Vengeance de l’homme-poisson. — Entretiens de Basquine et de Martin.

D’abord accablée d’un chagrin profond, pleurant et sans cesse demandant son père, sa mère et ses frères, Jeannette, que j’appellerai désormais Basquine, tomba sérieusement malade, et l’on désespéra presque de ses jours ; mais sa jeunesse et ce qu’il y avait en elle d’incroyablement vivace, la sauvèrent ; au bout de quelque temps, elle sembla renaître plus jolie, plus charmante que jamais.

L’arrivée de Basquine, si ardemment désirée par Bamboche, produisit sur lui un effet étrange. L’amour d’abord, puis la poignante anxiété qui l’avait agité en attendant l’issue de la démarche de la Levrasse chez le charron, agirent si violemment sur la nature énergique de cet enfant, qu’apprenant par moi l’arrivée de Basquine, et qu’elle se trouvait dans le fourgon avec la mère Major… tout le sang de Bamboche reflua de son cœur à son cerveau ; un coup de sang le frappa, il se trouva mal, et cette profonde commotion eut pour réaction une fièvre chaude qui se déclara presque aussitôt.