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une, espérant en trouver une écrite en français. Vain espoir, il me fut impossible d’en lire une seule.

Je trouvai du moins parmi ces papiers un objet singulier : c’était une petite couronne (couronne royale… je l’appris aussi plus tard), d’une forme particulière, découpée à jour dans une feuille de métal d’or très-mince. Cette couronne, fixée par deux fils de soie jaune et bleue, au milieu d’un carré de parchemin assez épais, était entourée de lignes symboliques bizarres ; et d’S et de W entrelacés en chiffres.

Au-dessous de la couronne on lisait cette date en français :

Vingt-huit décembre 1815.
Rue du Faubourg du Roule, n° 107.
Onze heures et demie du matin.

Puis au-dessous de cette date, et en allemand, cinq lignes de longueur inégale et d’écritures différentes. La première, la troisième et la cinquième ligne étaient écrites d’une main ferme, tandis que les deuxième et quatrième lignes étaient tracées plus finement et d’une manière moins assurée.

Cet objet bizarre me surprit beaucoup ; je cherchai en vain à pénétrer le sens des signes symboliques qui le couvraient en partie ; la couronne d’or surmontant cette date excitait aussi vivement ma curiosité, mais nul moyen de la satisfaire.

Je remis tristement le parchemin, la croix, la médaille, les lettres dans le portefeuille, m’ingéniant à trouver un moyen de savoir, sans éveiller les soupçons de Claude Gérard, en quelle langue étaient écrites ces lettres.

Un incident, hélas ! inattendu, vint couper court à mes préoccupations à ce sujet…

Il me fallut quitter Claude Gérard.

J’étais entré chez lui enfant, j’en sortis homme, moins par l’âge (j’avais dix-huit ans environ) que par la raison et par une expérience précoce acquise à une rude école.