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— Non… c’est impossible… un enfant… Pourtant lorsqu’il s’est jeté à mes jambes… il a poussé un cri… un signal peut-être…

En parlant ainsi, Claude Gérard m’avait repris par le bras ; il me fit traverser l’écurie, se dirigea précipitamment vers ce qu’il appelait sa chambre, y entra, jeta les yeux sur le grabat, et vit que l’argent avait disparu.

Alors, me secouant fortement, il s’écria :

— Petit malheureux ?… on m’a volé… tu le savais !

Je ne répondis rien.

— Qui a volé cet argent ? Répondras-tu ? — s’écria-t-il d’une voix éclatante.

Même silence de ma part.

— Oh ! mon Dieu ! — dit Claude Gérard en portant ses deux mains à son front avec désespoir, — ce dépôt… qu’on vient de me remettre… volé… volé…

Profitant du mouvement désespéré de Claude Gérard, je lui échappai… il me rattrapa au moment où j’enjambais la fenêtre.

— Les voleurs dont ce petit malheureux est complice ne peuvent être loin, — s’écria-t-il.

Puis me regardant avec un mélange de colère, de douleur et de pitié, il murmura :

— À cet âge… mon Dieu !… déjà !  !…

Et sans rien ajouter, il m’entraîna, me fit rapidement traverser l’écurie, la cour, s’arrêta devant une espèce de loge maçonnée, un peu plus grande qu’une niche à chien, et malgré ma résistance désespérée, je fus enfermé dans cette cachette dont Claude Gérard assura la porte extérieurement avec un petit barreau de fer passé dans deux anneaux.

Me voyant prisonnier, je cherchai à m’échapper ; mais les murailles de ma loge étaient épaisses, et je ne possédais aucun instrument propre à m’y ouvrir un passage ; la porte était solide ; quelques trous y étaient percés ; j’y collai mon visage… je ne vis… je n’entendis rien…

Reconnaissant l’impossibilité de m’évader, je tombai dans de cruelles perplexités. Oubliant les dangers de ma position, je ne son-