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sous l’invocation de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de sa Mère immaculée la sainte Vierge ?

jeanne darc. — Je faisais écrire, en tête des lettres que je dictais : Jesus Maria, en guise de prière… Était-ce donc un mal ?

l’évêque cauchon ne répond rien, jette un regard oblique sur le tribunal ; plusieurs de ses membres relatent sur leurs tablettes la dernière réponse de l’accusée, réponse de la dernière gravité, à en juger par leur empressement à la noter. Le prélat poursuit ainsi. — De quelle façon signiez-vous les lettres dictées par vous ?

jeanne darc. — Je ne sais pas écrire ; je mettais pour signature au bas du parchemin ma croix en Dieu…

Cette seconde réponse, non moins dangereuse que la première, est notée avec un égal empressement par les prêtres ; il se fait un profond silence. L’évêque semble interroger les greffiers du regard et leur demander s’ils ont achevé de minuter les paroles de l’accusée, paroles auxquelles il attache une importance capitale ; puis, s’adressant à l’héroïne :

— Après plusieurs combats, vous avez forcé les Anglais de lever le siège d’Orléans ? 


jeanne darc. — Mes voix m’ont conseillée… j’ai combattu… Dieu nous a donné la victoire !

un juge. — Si ces voix sont celles de sainte Marguerite et de sainte Catherine, ces saintes haïssent donc les Anglais ?

jeanne darc. — Ce que Dieu hait, elles le haïssent… ce qu’il aime, elles l’aiment !

un autre juge. — Alors, Dieu aime les Anglais, puisqu’il les a rendus si longtemps victorieux ?

jeanne darc. — Il les a sans doute abandonnés en punition de leurs cruautés.

un autre juge. — Pourquoi Dieu aurait-il choisi pour les vaincre une fille de votre espèce plutôt que toute autre personne ?