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rition de sainte Catherine et de sainte Marguerite, à qui vous attribuez ces voix ?

jeanne darc. — Oui.

l’évêque cauchon, lentement. — Vous êtes certaine d’avoir vu cette apparition ?

jeanne darc. — Je l’ai vue aussi bien que je vous vois, messire.

l’évêque cauchon. — Vous l’affirmez ?

jeanne darc. — Je l’affirme.


Nouveau et profond silence parmi les prêtres ; plusieurs prennent des notes, d’autres échangent à voix basse quelques paroles.


un juge. — À quoi avez-vous reconnu que celles que vous nominez sainte Catherine et sainte Marguerite étaient des saintes ? 


jeanne darc. — À leur sainteté.


l’évêque cauchon. — L’archange saint Michel vous est-il aussi apparu ?

jeanne darc. — Oui.

un juge. — Comment était-il vêtu ?

jeanne darc, se rappelant les conseils du chanoine Loyseleur. — Je n’en sais rien…

le juge. — Vous ne répondez pas ? L’ange était donc tout nu ? 


jeanne darc, rougissant. — Croyez-vous que Dieu n’avait pas de quoi le vêtir ?

l’évêque cauchon. — Vous parlez bien hardiment ; vous croyez-vous donc présentement en la grâce de Dieu ?

jeanne darc. — Si je n’y suis pas, que Dieu m’y mette… si j’y suis, qu’il m’y conserve… (D’une voix haute et ferme.) Mais retenez bien ceci : vous êtes mes juges, vous prenez une grande charge en m’accusant… et à moi, le fardeau m’est léger !…

Ces nobles paroles, prononcées par la guerrière avec la conviction de son innocence et témoignant sa méfiance à l’égard de ses juges, annoncent un changement survenu dans son esprit depuis le com-