terrible vous retranchant du corps de la sainte Église catholique comme un membre gangrené, pourri, infect ! ! vous seriez livrée au bras séculier, c’est-à-dire au bourreau, et conduite au bûcher, vous y seriez brûlée vive comme hérétique, apostate, idolâtre ! les cendres de votre corps jetées au vent !…
jeanne darc, blême d’effroi, pousse un cri déchirant. — Ah !
le chanoine loyseleur, à part. — Le bûcher l’épouvante ; elle est à nous !… (Il joint les mains d’un air suppliant, et du regard montre à Jeanne le guichet, où vient d’apparaître la figure de John, avec qui le prêtre échange rapidement un signe d’intelligence ; puis il ajoute, en s’adressant à Jeanne.) Silence ! silence !… vous nous perdez tous deux !
john, d’une voix rude à travers le guichet. — Encore du bruit et des cris !… Faut-il que j’entre pour vous mettre tous deux à la raison ?…
le chanoine, d’un ton brusque. — Les fers de ma pauvre compagne l’ont peut-être blessée, la douleur lui aura arraché un cri involontaire.
john. — Si elle gémit pour si peu, elle n’est pas au bout de ses gémissements !… Elle poussera bien d’autres cris sur le bûcher où elle sera rôtie, la sorcière !
le chanoine loyseleur, semblant à peine contenir son indignation, se tourne vers le geôlier. — Aie du moins, si tu le peux, la charité, de ne pas insulter à nos malheurs !
John s’éloigne du guichet en grommelant. Jeanne Darc, anéantie par l’épouvante, est tombée brisée sur sa paille ; mais, reprenant un peu courage après le départ du geôlier, elle se redresse à demi et dit à son compagnon de prison : — Pardonnez-moi ma faiblesse, mon père… Hélas !… la seule pensée de cette horrible mort… (Elle n’achève pas et pleure.)
le chanoine loyseleur. — Hélas ! ma douce fille, en vous mettant crûment sous les yeux le sort affreux qui sera le vôtre, si vous tombez