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ROUEN


OU


LE MYSTÈRE DE LA PASSION DE JEANNE DARC

Actes de Jeanne depuis le sacre de Charles VII jusqu’au combat de Compiègne, où, par trahison, elle est faite prisonnière le 24 mai 1430. — L’évêque Pierre Cauchon et le chanoine Loyseleur. — Le procès. — L’abjuration.— La condamnation. — Le supplice.

L’on écrit et l’on représente en ces temps-ci, fils de Joel, beaucoup de mystères, récits dialogués par des hommes et des femmes figurant des personnages historiques, grossières imitations des œuvres dramatiques de l’antiquité, ainsi que les jeux parties du treizième siècle, dont notre aïeul Mylio-le-Trouvère nous a jadis laissé un exemple. Moi, Mahiet-l’Avocat d’armes, qui écris cette légende, j’ai employé, selon un usage répandu aujourd’hui, la forme du mystère afin de vous retracer la Passion de l’héroïne plébéienne ; car, ainsi que le Christ, Jeanne eut sa Passion, couronnée par le martyre !


Le lieu de la première scène est une salle du palais de l’archevêché de Rouen, antique bâtiment où, il y a huit siècles et plus, vous avez vu, fils de Joel, le roi Karl-le-Sot fiancer sa douce fille Giselle et abandonner l’une de ses plus belles provinces au vieux Rolf, chef des pirates North-mans. Ces bandits, envahissant plus tard, sous Guillaume-le-Conquérant, le pays d’Angleterre, ont fait souche de ces chefs anglais qui, depuis tant d’années, ravagent et asservissent la