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de marcher à l’ennemi ; leurs acclamations accueillirent la venue de Jeanne. Elle voulut, en attendant le moment de l’assaut général, visiter les abords des Tournelles, s’approcha de cette forteresse, défendue par un large fossé, au-delà duquel s’élevait un retranchement palissadé, puis un rempart bien muni d’artillerie, flanqué de tourelles en charpente ; ces ouvrages présentaient un front formidable. Déjà les engins d’artillerie de grande portée lançaient à toute volée leurs balles contre maître Jean et ses coulevriniers, alors en train d’asseoir leurs canons, afin de les pointer contre les remparts et d’y pratiquer une brèche pour l’assaut. La guerrière, insoucieuse des boulets qui venaient parfois labourer le sol aux pieds de son cheval, examina très-attentivement l’assoiement des bombardes de maître Jean ; puis, avec une précision de coup d’œil dont fut confondu le vieux coulevrinier, elle l’engagea de rectifier la position de quelques engins d’artillerie ; il reconnut la justesse des observations de Jeanne, fit selon qu’elle désirait. Soudain le son du beffroi retentit au loin ; il devait signaler l’attaque générale, il n’en fut rien : au lieu de commencer l’action de leur côté, les chefs de guerre gagnèrent du temps par de fausses manœuvres, laissèrent Jeanne s’engager d’abord avec ses troupes contre les Anglais, et espéraient que ceux-ci, n’étant pas obligés de diviser leurs forces ainsi qu’elle s’y attendait, l’écraseraient en les concentrant. Ignorant cette nouvelle trahison des chevaliers, la Pucelle donna ordre à maître Jean d’ouvrir son feu contre les remparts, pour protéger la descente des troupes dans le fossé ; elles s’ébranlèrent ; mais ne pouvant supporter l’idée de rester clouée sur son cheval au lieu de prendre une part active à ce combat décisif, la guerrière, malgré sa blessure de la veille, mit pied à terre, surmonta des souffrances aiguës, oubliées bientôt dans l’effervescence du combat, et, son étendard à la main, marcha la première à l’assaut.

Les Anglais étaient commandés par leurs plus illustres chefs renfermés dans les Tournelles : le sire de Talbot, le comte de Suffolk, Gladescal et d’autres encore. Ces capitaines, désespérés de leur dé-