sa maison, — ma pauvre grand’mère, si vous m’aimez, vous me donnerez un conseil. Mon cœur est brisé.
» — Méchant garçon ! si tu m’avais écouté, si tu n’étais pas allé à cette fête, ton cœur ne serait pas brisé. Allons, ne pleure pas ; la harpe sera détachée. Voici un marteau d’or, va…
» Alain part et revient au palais du roi disant : — Bonheur et joie ! me voici derechef ; j’apporte la harpe de Merlin… »
— Il avait donc pu prendre la harpe ? — dit Jeannette ébahie. — Et où ?… et comment l’avait-il prise, marraine ?
Sybille mit d’un air mystérieux un doigt sur ses lèvres et poursuivit :
« — J’apporte la harpe de Merlin, — dit Alain au roi ; — sire, votre fille Linor doit être à moi, vous l’avez promis.
» Quand le fils du roi entendit cela, il fit la moue et parla tout bas à son père ; le roi, l’ayant écouté, dit à Alain :
» — Si tu m’apportes l’anneau que Merlin a à la main droite, tu auras ma fille Linor… »
— Quoi ! marraine, manquer deux fois à sa promesse ! Ah ! c’est mal de la part du roi !… Et le pauvre Alain, que va-t-il devenir ?…
« — Alain, — reprit Sybille, — s’en retourne en pleurant et va trouver bien vite sa grand’mère.
» — Hélas ! grand’mère, le seigneur roi avait dit… et voilà qu’il s’est dédit !
» — Ne te chagrine pas ainsi, cher enfant ! Prends un rameau qui est là dans mon petit coffre, où il y a douze feuilles, — douze feuilles vermeilles aussi brillantes que de l’or, — et que j’ai été sept nuits à chercher en sept bois, il y a sept ans… »