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romaine. En vain Jeanne s’écria : — Eh ! messires ! celui-là prie… qui combat pour le salut de la Gaule !… — les capitaines demeurèrent inébranlables dans leur foi orthodoxe à la pieuse observance du repos dominical. Jeanne se vit obligée, bien à regret, de remettre le combat au lundi ; mais, voulant tenter encore, grâce à ce retard, d’éviter l’effusion du sang, qu’elle abhorrait, elle pria Daulon, son écuyer, d’écrire sous sa dictée une nouvelle lettre de quelques lignes ; elle voulait l’adresser aux Anglais, la première leur ayant été envoyée de Blois par un héraut. La missive écrite et signée de son nom, Jeanne y apposa, en manière de contre-seing, sa croix en Dieu ; mit le parchemin dans sa pochette, et engagea les capitaines à l’accompagner sur le boulevard ou retranchement élevé vers le milieu de la Loire, en face de la grande bastille des Tournelles, occupée par les Anglais ; la guerrière voulait examiner de nouveau cette importante position, en prévision de l’assaut du lundi. Son désir fut obéi ; elle se rendit avec plusieurs chefs de guerre à la porte du châtelet de la rivière, au milieu d’un grand concours de peuple et de soldats des bandes mercenaires non moins enthousiastes que la veille, demandant à grands cris la bataille, certains, disaient-ils, de vaincre sous les ordres de la Pucelle. Gaucourt et les capitaines affirmèrent que l’attaque aurait lieu le lundi ; cette réponse apaisa les clameurs. Ils arrivèrent avec Jeanne au boulevard du pont, si voisin des Tournelles, que la voix des assiégés pouvait être entendue des assiégeants. Bon nombre de miliciens d’Orléans se trouvaient de garde sur la plate-forme crénelée de leur retranchement, garni de balistes, engins de guerre destinés à lancer des traits et de grosses pierres ; ces bonnes gens, transportés de joie de voir la Pucelle parmi eux, l’entourèrent, s’écriant avec une valeureuse impatience : « À quand l’assaut ? » Elle le promit pour le lendemain et ordonna de hisser un drapeau blanc, afin de proposer ainsi une trève d’une heure aux Anglais des Tournelles, à qui elle voulait, disait-elle, parler. Le pavillon de paix s’éleva dans les airs, les as-