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trée de Jeanne Darc. Partout sur son passage depuis Chinon jusqu’à Blois, ont ajouté les écuyers, sa marche a été une ovation continuelle, saluée par les cris d’allégresse des populations rustiques, exposées depuis si longtemps aux ravages de l’ennemi, et acclamant leur ange sauveur envoyé de par Dieu ! Ces récits et d’autres encore font, comme par enchantement, renaître à la confiance les habitants de la ville. La foule se presse surtout aux abords de la maison de Jacques Boucher, où l’héroïne est attendue. Neuf heures sonnent à la tour de l’église de Sainte-Croix. Presque au même instant l’on entend résonner au loin des clairons ; ce bruit se rapproche de plus en plus, bientôt l’on voit à la lueur ardente des torches apparaître une chevauchée. Le petit page Imerguet et l’écuyer Daulon marchent des premiers, portant l’un le pennon, l’autre le blanc étendard de la guerrière, où sont peints deux anges aux ailes d’azur, tenant à leur main des rameaux de lis fleuris ; Jeanne Darc vient ensuite, montée sur un cheval blanc caparaçonné de bleu, revêtue d’une légère armure de fer étamé, pareil à de l’argent mat, armure complète, jambards, cuissards et cotte de mailles, brassards et cuirasse bombée, protégeant le sein virginal de la jeune fille ; la visière de son casque, entièrement relevée, découvre son doux et beau visage, encadré de cheveux noirs, coupés en rond à la naissance du cou. Profondément émue des acclamations dont les bonnes gens d’Orléans la saluent et dont elle fait honneur à ses saintes, une larme roule dans ses yeux noirs et double leur éclat. Déjà familiarisée avec le maniement du cheval, elle guide gracieusement sa monture d’une main, et de l’autre tient un mince bâton blanc, seule arme dont elle veut, dans son horreur du sang, se servir pour conduire les soldats au combat. Près d’elle chevauche Dunois, couvert d’une brillante armure rehaussée d’ornements dorés ; puis s’avancent, mêlés aux échevins d’Orléans, le maréchal de Retz, Lahire, Xaintrailles et autres capitaines, parmi lesquels se trouve le sire de Gaucourt amenant à Orléans un renfort de troupes royales, et chargé du comman-