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prouverez de lâches défaillances ; non, continuant vaillamment, à travers les siècles, l’œuvre d’affranchissement commencée par nos pères, vous marcherez d’un pas plus ferme, plus confiant encore, vers ce but glorieux promis à notre race par la voix prophétique de Victoria-la-Grande.

Et maintenant, revenons à notre récit, interrompu au moment où Mahiet-l’Avocat quittait le cabaret d’Alison pour revenir en hâte à Paris.


Paris a beaucoup changé d’aspect depuis le neuvième siècle, époque à laquelle vivait notre aïeul Eidiol, le doyen des nautoniers parisiens. Alors cette cité était renfermée tout entière dans l’île que baignent les deux bras de la Seine ; mais peu à peu, siècle à siècle, elle s’est beaucoup étendue à gauche et à droite de son antique berceau. Les champs, les prairies, au milieu desquels s’élevaient les abbayes et les habitations des faubourgs, se sont couverts d’innombrables maisons alignées sur des rues, dont quelques-unes sont pavées de grès depuis l’an 1185. Peut-être un jour nos descendants seront-ils curieux de comparer le Paris de ce temps-ci (an 1356) au Paris de leur temps, de même qu’à cette heure nous le comparons à ce qu’il était alors que notre aïeul Eidiol y résidait.

L’ancienne ville, contenue entre les deux bras de la Seine, continue de s’appeler la Cité et sert généralement de demeure au clergé, dont les habitations semblent se grouper à l’ombre des hautes tours de l’immense basilique de Notre-Dame. L’évêque de Paris possède presque entièrement la juridiction de la Cité. Sur la rive droite de la Seine commence, à l’endroit où s’élève la grosse tour de la porte du Louvre (C), l’enceinte fortifiée de ce que l’on appelle communément la ville. Elle est peuplée de commerçants, d’artisans, de bourgeois, et contient les halles (D), à l’extrémité desquelles se trouve la tour du pilori, où l’on expose et exécute les malfaiteurs avant de porter leurs