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CHAPITRE II.


Les États-généraux. — Paris au quatorzième siècle. — Guillaume Caillet et Rufin-Brise-Pot, écolier de l’Université de Paris — L’enterrement de Perrin Macé. — L’enterrement de Jean Baillet. — Étienne Marcel-le drapier, prévôt des marchands de Paris, sa femme et sa mère. — Pétronille Maillart. — Charles-le-Mauvais, roi de Navarre. — Le retour de Mahiet-l’Avocat. — Étienne Marcel harangue le peuple au couvent des Cordeliers. — Guillaume Caillet.— Le régent et ses courtisans. — Le sire de Nointel et le chevalier de Chaumontel. — La justice du peuple. — Aux armes !Jacques Bonhomme.




Avant de poursuivre ce récit, fils de Joel, quelques mots sur une institution, oppressive aux temps abhorrés de la conquête franque et de la féodalité ; mais qui, grâce au réveil de la Gaule et aux soulèvements populaires dont l’insurrection des communes a donné le signal, est devenue un instrument d’affranchissement. Vous l’avez vu, fils de Joel, la conquête franque, il y a près de dix siècles, fonda la première dynastie de ces rois étrangers à la Gaule, sous le pouvoir desquels nous vivons encore aujourd’hui. Clovis et ses descendants convoquèrent presque annuellement, à des réunions qu’ils appelaient champs de mai, leurs principaux leudes, ou chefs de bandes ; dans ces assemblées, d’où les Gaulois vaincus étaient exclus, les guerriers franks délibéraient avec le roi, et dans leur langage germanique, sur de nouvelles entreprises guerrières ou sur de nouvelles exactions à imposer au peuple asservi. Ce fut à ces champs de mai que, sous la domination envahissante des maires du palais, les rois fainéants, ces derniers rejetons de Clovis, abrutis et énervés, paraissaient une fois l’an, avec des barbes postiches, comme de grotesques et vains simulacres de la royauté. Ces assemblées se tinrent aussi sous les règnes de Charlemagne et des rois karolingiens. Dès la première race, les évêques, complices des Franks conquérants, firent partie de ces réu-