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— Je vais à leur rencontre, — dit Guillaume Caillet d’une voix palpitante. — Pauvre Mazurec ! cher fils ! cher enfant ! — Et il sort précipitamment.

Mahiet s’approche d’Aveline, qui a jeté ses bras autour du cou d’Alison et sanglote amèrement. — Aveline, — lui dit l’Avocat, — écoutez-moi, de grâce…

— Il est mort, — murmure la serve en gémissant sans répondre à l’Avocat, — ils l’ont noyé.

— Non… il n’est pas mort… — reprend Mahiet, — il y a espoir de le sauver.

— Grand Dieu ! — s’écrie Alison en pleurant de joie et embrassant Aveline avec transport, — entends-tu, chère petite, il n’est pas mort…

Aveline joint les mains, veut parler, mais les paroles expirent sur ses lèvres qui tremblent convulsivement.

— Voilà ce qui est arrivé, — reprit l’Avocat ; — on a mis Mazurec dans un sac… on l’a jeté à l’eau ; mais heureusement, — se hâta d’ajouter Mahiet, au moment où Aveline poussait un cri étouffé, — Adam-le-Diable et moi, profitant de la nuit, nous nous étions cachés dans les roseaux qui, à cent pas du pont, bordent la rivière ; son courant venait de notre côté ; nous voulions, au moyen d’une longue perche, attirer à nous le sac où l’on avait enfermé Mazurec et l’en retirer à temps.

— Hélas ! — balbutia la jeune femme avec angoisse, — il est trop tard !

— Non, non, rassurez-vous, nous sommes parvenus à amener le sac sur la rive. Adam l’a fendu d’un coup de couteau, et nous avons retiré de ce linceul Mazurec respirant encore.

— Il vit ! — s’écria la jeune fille folle de joie, et dans son premier mouvement elle se précipita vers la porte et tomba dans les bras de son père qui, rentré depuis quelques moments, est resté immobile au seuil.