gneur de la terre et seigneurie de Nointel, Loury, Berteville, Cramoisy, Saint-Leu et autres lieux, a le pouvoir de réclamer, le premier jour des noces, de toutes les filles non nobles qui se marieront en ladite seigneurie, après quoi ledit seigneur ne pourra plus toucher à ladite mariée et devra la laisser au mari. Et comme le onzième jour de ce mois-ci, Aveline-qui-n’a-jamais-menti, serve de la paroisse de Cramoisy, se fut mariée à Mazurec-l’Agnelet, serf meunier du moulin Gaillon, notre jeune, haut, noble et puissant seigneur Conrad Neroweg, chevalier seigneur de ladite terre et seigneurie ci-dessus nommées, ayant voulu user de son droit de prémices sur ladite Aveline-qui-jamais-n’a-menti, et ledit Mazurec-l’Agnelet, son mari, s’y étant voulu opposer en s’emportant de mauvaises paroles envers ledit seigneur, et ladite mariée ayant été requise de se soumettre audit droit et s’y étant obstinément refusée, ledit seigneur, pour cause de la désobéissance desdits mariés et de leurs mauvaises paroles, les a fait mettre en prison séparément et est allé se plaignant d’une plainte criminelle devant messire le grand sénéchal du Beauvoisis pour l’informer de ce qui dessus est rapporté ; et comme il fut fait enquête et par écrit et par assemblée de témoins de droit et coutume ancienne, à cette fin de constater que ledit seigneur de Nointel a le droit de prémices ; l’information et l’enquête faites, il fut rendue une sentence par la sénéchaussée du Beauvoisis, dont la teneur suit mot à mot. »
— Et la loi… la justice consacrent cette infamie ! — dit Mahiet en serrant ses poings avec rage ! — À quel pouvoir humain peuvent en appeler ces malheureux vassaux dans leur désespoir ? Oh ! il faut du sang ! terribles, mais légitimes représailles d’un martyre de tant de siècles !
Le notaire royal poursuivit ainsi en enflant sa voix :
« Entre le jeune, haut, noble et puissant Conrad Neroweg, seigneur de Nointel et autres seigneuries, demandeur en droit de prémices sur toutes et chacunes filles non nobles qui se marient en ladite sei-