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« …… Dit qu’il a oy (entendu) dire à plusieurs femmes qui ont veue (vu) ladicte Pucelle par plusieurs fois nue, et sçu de ses secretz que oncques elle n’avait eu la secrète maladie des femmes, et que jamais nulle n’en put rien congnoître (connaître) et apercevoir par ses habillements ne (ni) autrement. » (Procès, t. III, p. 219.)

De cette déposition, il résulte que Jeanne Darc n’a jamais été sujette à certain phénomène particulier à son sexe.

Or, vous verrez, chers lecteurs, dans le cours de notre récit, comment aux approches de quatorze ans, âge de la puberté, un saisissement violent, causé par un spectacle horrible, a dû jeter une perturbation incurable dans l’organisation de la jeune fille ; quant aux conséquences presque toujours inévitables de ces désordres organiques, nous les exposerons en citant quelques passages d’œuvres physiologiques qui jouissent dans le monde savant d’une toute-puissante autorité :

« Dans la constitution actuelle de l’espèce humaine, la femme est sujette à un phénomène périodique qui revient exactement tous les mois, depuis l’âge de quatorze à quinze ans jusqu’à celui de quarante-cinq à cinquante ans, fonction caractéristique et nécessaire au sexe, et à laquelle toutes les autres fonctions semblent subordonnées ; sans lui, l’ordre des mouvements vitaux s’altère, etc. » (Roussel, Syst. physiol. et moral de la femme, p. 151.)

Ainsi, la perturbation jetée dans certaines fonctions naturelles, particulières à la femme, auxquelles toutes les autres fonctions semblent subordonnées, altère l’ordre des mouvements vitaux, etc., etc.

Citons encore :

« Les praticiens ne sont-ils pas tous les jours appelés à constater combien la non apparition de cette fonction apporte de trouble, de désordres dans la santé des jeunes filles ; tantôt, c’est la fièvre ménorrhagique de l’âge pubère, la chlorose, l’hystérie, l’hallucination, etc., etc. (p. 377). La jeune fille arrive à l’âge de puberté, alors, étonnante métamorphose ! le corps prend un accroissement considérable, le cœur, plus énergique, donne lieu à une circulation plus active ; mais c’est dans le moral surtout que l’on observe des changements plus remarquables encore. Inquiète et rêveuse, la jeune fille ne sait à quoi attribuer le trouble qui l’agite (p. 379)… elle éprouve des vertiges, des anxiétés précordiales ; elle devient triste, mélancolique ; elle s’abandonne à des rêveries et verse des larmes involontaires sans connaître leur cause… A l’époque de la puberté, les facultés mentales de la femme se développent d’une manière surprenante, etc., etc. » (J. P. Maygrier, Dict. des Sciences méd., vol. XXXII, p. 381.)

D’où il suit que les jeunes filles, aux approches de l’âge pubère, semblent subir une sorte de transformation morale et physique ; et