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sujet de l’impopularité croissante de Marcel ; seulement, Marguerite connaissait assez l’énergie du caractère, la force d’âme de son mari pour être certaine qu’à moins d’être réduit à une extrémité terrible, jamais il ne se résoudrait à quitter Paris en fugitif. Cependant pouvait venir l’heure de cette extrémité menaçante ; en ce cas, l’offre de Maillart n’était point à dédaigner. Ces réflexions se présentèrent rapidement à l’esprit de Marguerite ; elle resta pendant un moment pensive, silencieuse, tandis que la femme de l’échevin l’observait attentivement, attendant sa réponse dans une anxiété à peine dissimulée.

— Dame Maillart, — reprit Marguerite, — je veux croire, je crois au généreux sentiment qui a dicté les offres de services que vous venez me faire…

— Et vous les acceptez ?… — s’écria la femme de l’échevin avec une vivacité qui aurait dû exciter la défiance de Marguerite. — Ainsi, la chose est entendue : l’émissaire en question sera ici à minuit ; votre mari le suivra sans se faire accompagner de personne… Je vais aller en hâte rejoindre Maillart et lui apprendre que…

— Permettez, dame Pétronille ; je ne saurais accepter votre offre au nom de mon mari ; il est seul juge de sa conduite. Il m’a fait espérer qu’il pourrait venir ici prendre quelques moments de repos dans la soirée ; si mon attente n’est pas trompée, je le verrai bientôt, je l’instruirai des propositions de maître Maillart. Priez-le seulement d’envoyer ici son émissaire à l’heure dite, mon mari avisera.

— Il ne doit pas hésiter un moment ; croyez-moi, pauvre dame Marguerite, il faut user de toute votre influence sur votre mari afin de le décider à profiter de la chance de salut qui lui reste.

Denise, entrant soudain d’un air inquiet, dit à Marguerite :

— Ma tante, dame Alison désirerait vous parler à l’instant, vous parler à vous seule… — Et jetant un regard significatif sur la femme de l’échevin, Denise semblait ajouter : — Saisissez cette occasion de mettre terme à la visite de cette méchante langue.