Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’aux souterrains. Ils arrivent au cachot de Mahiet, brisent ses chaînes et le conduisent devant le capitaine Griffith, heureusement ce jour-là en belle humeur. Après avoir interrogé notre ami, frappé sans doute de sa vaillante et robuste apparence, il lui propose d’entrer dans sa compagnie ; Mahiet refuse. Alors le capitaine Griffith, sans doute à moitié ivre, lui fait donner des vêtements, deux florins d’argent, et lui dit, faisant allusion à la maigreur de notre ami : « — Lorsque tu as de la viande sur les os, tu dois être un rude compagnon ; si je te retrouve, je serai content de rompre une lance contre toi. Tu es libre, va-t’en ; et que le diable, mon patron, te soit en aide ! »

— Le capitaine Griffith est un effroyable bandit, — reprit Denise, — et cependant je ne puis m’empêcher de lui être reconnaissante d’avoir rendu la liberté à Mahiet.

— De sorte qu’en quittant le château de Beaumont, — reprit Marguerite, — notre ami est revenu directement à Paris ?

— Oui, — répondit tristement Marcel ; — et un chagrin cruel et imprévu l’attendait ici.

— Hélas ! — dit Denise, — la mort de son père ?

— Ce coup a été affreux pour lui. Jugez de sa douleur : en arrivant, il court joyeux à la maison de notre vieil ami Lebrenn-le-Libraire… et là, Mahiet apprend la perte navrante qu’il a faite… Il a passé la fin du jour d’hier et cette nuit dans la solitude et dans les larmes. Ce matin, ainsi que je vous l’ai dit, il est venu me trouver à l’Hôtel de ville ; et ce soir nous pourrons du moins lui offrir les consolations d’une amitié éprouvée…

Agnès-la-Béguine, entrant à ce moment, dit à Marcel en lui remettant une petite médaille d’or émaillée de vert, sur laquelle on voyait un C et une N surmontés d’une couronne : — Un homme, encapé jusqu’au nez et dont on voit à peine les yeux, est dans la boutique ; il désire vous entretenir à l’instant, maître Marcel ; et il m’a donné cet émail en me recommandant de vous l’apporter.