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d’une étendue de trente pieds carrés environ, mais qui, élevé de quatre à cinq pieds sur chacune de ses faces, allait toujours s’abaissant en talus, et finissait presque à rien de chaque côté du sentier qui le partageait en deux ; de sorte que, vers son milieu et sur une largeur de deux coudées environ, ce bûcher n’offrait au feu presque aucun aliment. Après une demi-heure de travail, Fergan dit au diacre : — Nous allons maintenant mettre partout de niveau ce tas de bois et combler cette coulée qui le traverse ?

— Non pas, non pas, — reprit le diacre, — votre travail est terminé de ce côté ; il faut maintenant planter la potence et établir la broche. Venez. — Fergan et ses compagnons, curieux de savoir la destination de cette potence et de cette broche, suivirent le prêtre. Un chariot, attelé de mules, venait d’apporter sur la place plusieurs poutres ; l’une d’elles, haute de quinze pieds environ, et à certains endroits garnie d’anneaux et de chaînes de fer, présentait vers son milieu une sorte de tablette d’appui. Les compagnons de Fergan, suivant les indications du diacre, dressèrent cette potence à l’un des angles du bûcher où le bois se trouvait surtout entassé ; d’autres travailleurs établissaient, non loin de là, deux X de fer destinés à supporter une barre de fer longue de huit pieds environ et fort aiguë.

— Oh ! oh ! quelle terrible broche ! — dit Fergan au prêtre en plaçant, non sans peine, la barre de fer sur les deux X. — Est-ce que l’on va faire rôtir ici un bœuf entier ? — Mais, au lieu de répondre au serf, le diacre prêta l’oreille du côté d’une des rues aboutissant à la place, fouilla prestement dans sa pochette, et dit à Fergan et aux autres hommes, en leur distribuant à chacun le salaire promis : — Votre besogne est achevée, ne restez pas ici, voici venir la procession.

Fergan et ses compagnons se retirèrent au milieu de la foule que le cordon de soldats repoussait loin du bûcher ; des chants d’église, d’abord lointains, mais de plus en plus rapprochés, se firent entendre, bientôt le religieux cortége déboucha sur la place. D’abord marchaient des moines, ensuite des clercs portant croix et bannières ;