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nu, ils s’agenouillent près de lui, ouvrent ses mâchoires contractées par la mort, et fouillent soigneusement dans la bouche et sous la langue du mort ; après quoi, à l’aide de longs couteaux, ils lui fendent le gosier et y cherchent encore, ouvrent sa poitrine, son ventre, en arrachent les entrailles, les intestins, et y fouillent et y cherchent encore… Le visage, les mains, les membres, ruisselants de sang, ces démons obéissaient à un chef ; il ordonnait et dirigeait leurs profanations sacriléges, ils l’appelaient leur roi. C’était Corentin-Nargue-Gibet, devenu chef des truands ; son sénéchal, ancien serf de la seigneurie de Plouernel, était ce même Trousse-Lard qui, d’un coup de fourche, avait jeté bas de son cheval le baillif Garin-Mange-Vilain, avant que celui-ci fût massacré par les habitants du village. Le roi des truands et son sénéchal témoignaient d’une rare dextérité dans leur épouvantable métier ; ils venaient de saisir, l’un par les pieds, l’autre par la tête, le corps d’un jeune Sarrasin ; sa figure, ses riches vêtements hachés de coups d’épée, les cadavres de plusieurs croisés étendus à ses côtés, témoignaient de la résistance acharnée de ce guerrier. — Oh ! oh ! — dit le roi des truands, — ce chien devait être un chef, cela se devine à son cafetan vert brodé ; c’est dommage que cet habit soit ainsi tailladé, il eût fait un beau peliçon pour Perrette.

— Quoi ! tu penses encore à ta ribaude ? — répondit Trousse-Lard en aidant Corentin à dépouiller le Sarrasin de ses vêtements ou les tranchant avec son couteau lorsqu’ils étaient retenus par la raideur des membres du mort ; — va, crois-moi, ta Perrette est dans le paradis des ribaudes en sa qualité de guerrière de la Foi ; à moins qu’elle ne soit en croupe de quelque chanoine ou dans le harem d’un émir.

— Sénéchal, Perrette quitterait paradis, émir ou chanoine si Trompe-Gibet lui disait : viens… Mais voici notre cadavre nu, fais un paquet des vêtements ; si lacérés qu’ils soient, ils trouveront acheteurs sur la place du marché de Marhala… Maintenant que nous avons