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laires. À l’annonce de la mort de Montfort, le Languedoc, l’Agenois, le Querci, le Rouergue se sont soulevés en masse ; les croisés sont chassés du Midi, ainsi que les prêtres catholiques ; partout l’hérésie triomphante a encore une fois brisé le joug des papes de Rome !

Cejourd’hui, 14 juillet 1223, j’inscris ici la date de la mort du roi des Français : Philippe-Auguste ; son fils Louis VIII lui succède ; hélas ! de nouvelles et cruelles épreuves menacent le Languedoc ; le pape Honoré III, qui succède à Innocent III, est non moins que ce dernier fanatique et impitoyable ; il prêche une nouvelle croisade contre le Languedoc ; tout fait craindre que cette guerre religieuse soit aussi terrible que la première.




Il y a quelques mois, Peau-d’Oie est mort en chantant sa chanson favorite :

Robin m’aime, Robin m’a, etc.

Sa perte laisse un grand vide autour de nous ; car mon fils Karvelaïk regrette autant que moi notre vieil ami, qui l’avait vu naître et bercé tout enfant.

Cette même année 1296, Louis VIII, fils de Philippe-Auguste, est mort empoisonné par l’amant de sa mère ; elle s’appelle Blanche, comme cette autre reine, empoisonneuse et adultère, femme de Ludwig-le-Fainéant, le dernier des rois karolingiens ; le complice du meurtre de Louis VIII est grand ami du légat du pape et se nomme Thibaut, comte de Champagne. La reine demeure régente du royaume, son fils Louis IX étant encore enfant ; le Languedoc continue de résister à la croisade prêchée par le pape Honoré III, et malgré des ravages, des massacres sans nombre et la terreur inspirée par l’Inquisition établie par le pape dans ce malheureux pays, les hérétiques restent inébranlables dans leur foi. Mon fils Karvelaïk a seize ans, je l’élève dans mon métier d’écrivain, afin qu’il puisse, ainsi que moi,