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d’armes ; ils se rangent au pied des murailles et sont suivis d’une cinquantaine de prêtres et de moines portant une croix d’argent, des bannières noires, et chantant à pleins poumons, dans son rhythme funèbre, ce premier verset du Dies iræ :

Dies iræ, dies illa,
Crucis expandens vexilla
Solvet sæclum in favilla.

Cette lugubre procession va toujours psalmodiant se grouper à peu de distance de l’échafaud, dont le roi des ribauds a déjà pris possession. Ce chef des goujats de l’armée remplit l’office de bourreau ; il prépare ses outils, tenailles, couteaux, pinces, fers aigus, tandis que ses aides allument un fourneau portatif rempli de charbon, afin d’y faire rougir plusieurs tiges de fer très-aiguës ; d’autres truands préparent les courroies destinées à maintenir le patient sur le siége de l’échafaud, ou portent des torches résineuses destinées à allumer les bûchers.

Le bourreau, accroupi devant son fourneau, s’adresse à un sergent d’armes. — Mes fers sont prêts, va chercher ces fils de Satan.

Le sergent. — Ils sont là, en dehors de l’esplanade ; je vais te les amener.

Le sergent se dirige vers la voûte, heurte à la porte ; elle s’ouvre et donne passage a vingt-huit hommes et à quinze femmes de tout âge, de toute condition. Ces prisonniers peuvent marcher à petits pas, quoique leurs jambes soient liées. Ils ont les mains garrottées derrière le dos. Ils s’arrêtent à quelques pas de la tribune de pierre.

L’abbé Reynier, d’une voix menaçante. — Hérétiques de Lavaur ! une dernière fois voulez-vous abjurer ? voulez-vous reconnaître l’infaillible et divine autorité de la sainte Église catholique, apostolique et romaine ?

Un vieillard, à l’abbé Reynier. — Mon fils est mort en défendant la ville ; les ruines de ma maison incendiées après le pillage sont