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porte sur la peau est hérissé de pointes d’épingles pénétrant dans sa poitrine.

Montfort, à Karvel, après avoir bu et poussant un nouveau soupir de soulagement. — Le Seigneur a eu pitié de moi, misérable pécheur que je suis ! je me sens renaître ; que sa miséricorde soit bénie ! je la mérite pourtant bien peu !

Karvel. — Je te disais ceci : la dame de Lavaur est renfermée avec son fils et son frère dans le château que tu assiéges... Giraude est un ange de vertu, de bonté… Je suppose que demain, plus heureux que dans les attaques précédentes, tu emportes le château d’assaut, dame Giraude et son fils, enfant de quatorze ans… ayant par hasard échappé au massacre, tombent entre tes mains ; que fais-tu de cette femme et de son enfant ?

Montfort. — Le légat du pape dit à cette hérétique : « — Veux-tu, oui ou non, renoncer à Satan et rentrer dans le sein de l’Église catholique, apostolique et romaine, notre mère commune ? veux-tu, oui ou non, renoncer à tous les biens de ce monde et t’enfermer à jamais dans un cloître pour y expier ton hérésie ? »

Karvel. — Giraude répond au légat du pape : « — J’ai ma foi, vous avez la vôtre… et à la mienne je veux rester fidèle. »

Montfort, courroucé. — Il n’y a qu’une foi au monde, la foi catholique… païen que tu es ! Tous ceux qui refusent de rentrer dans le giron de l’Église méritent la mort… et si elle persiste dans sa détestable perdition, la dame de Lavaur périra dans les flammes du bûcher !

Karvel. — Je ne sais si tu as des enfants, mais tu as une femme. Ta mère vit, ou elle a vécu… Si tu l’as connue, Montfort, tu l’as sans doute aimée, ta mère ?

Montfort, avec émotion. — Oh ! oui… tendrement aimée.

Karvel. — Et tu ferais sans pitié brûler une femme qui fut le modèle des épouses et qui est le modèle des mères ?

Montfort, avec un sourire d’une bonhomie sinistre. — Cela t’é-