Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 7.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la vieille Gaule ! — qui avez su, comme nos pères, reconquérir vos libertés, — lisez sur la bannière des croisés catholiques, — lisez… lisez, en traits de sang et de feu : — Chasseneuil, — Beziers, — Carcassonne. — Dites : y lira-t-on bientôt : Lavaur ? Alby ? — Toulouse ? — Arles ? — Narbonne ? — Avignon ? — Orange ? — Beaucaire ? — Dites ? est-ce assez de rapines, de viols, de carnage, d’incendies ? — Dites, est-ce assez : Chasseneuil, — Beziers, — Carcassonne ? — est-ce assez ?

__

— Dites : Chasseneuil, — Beziers, — Carcassonne, — est-ce assez ? — Dites, nos cités seront-elles des monceaux de cendres ? — nos champs… des déserts blanchis d’ossements ? — nos bois… des forêts de potences ? — nos rivières… des torrents de sang ? — nos cieux… la lueur enflammée de l’incendie ou des bûchers ? — Dites, le voulez-vous ? — fiers hommes affranchis du joug de l’Église catholique ? — voulez-vous retomber, vous, vos femmes, vos enfants, — sous le pouvoir exécrable de ces prêtres, — dont les soldats violent, égorgent, brûlent les femmes et les enfants ? — le voulez-vous ? — Non, vous ne le voulez pas ! non, — votre cœur bondit, votre sang s’allume, et vous dites  : — Chasseneuil, Beziers, Carcassonne… c’est assez !

__

— Oh ! oui, Chasseneuil, Beziers, Carcassonne, c’est assez ! — Malgré leur vaillance, nos frères ont péri ; — redoublons de vaillance, — écrasons l’ennemi. — Pour lui, ni trêve, — ni merci, ni repos, ni pitié ; — par monts, par vaux, — poursuivons-le ! harassons-le ! écharpons-le ! — Levons-nous tous, fils du Languedoc, — tous ! — Guerre implacable ! guerre à mort aux croisés catholiques ! — Le droit est pour nous : — tout est bon contre eux : — la fourche et la faux, — le bâton et la pierre, — les mains et les dents ! — Aux armes, hérétiques du Languedoc ! — aux armes ! — Nous