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pour lui pardon, enseignement, amour et charité. Mais habituez aussi leurs jeunes âmes à avoir conscience et horreur de l’oppression ou de l’iniquité ; oui, habituez vos enfants à cette pensée : qu’ils pourront avoir un jour à souffrir, à lutter, à mourir peut-être pour la défense de leur bon droit ! Persuadez-les que si la clémence envers les faibles et les souffrants est une vertu, la résignation aux violences de l’oppresseur est une lâcheté, est un crime ! Trempez vigoureusement leur âme dans cette sainte haine de l’injustice ; et au jour de l’épreuve vos enfants seront prêts et résolus ! Qu’ils aient une foi inébranlable dans l’avenir, dans l’affranchissement de la Gaule, notre mère-patrie ; les guerres implacables des descendants de nos conquérants l’ont divisée en provinces hostiles les unes aux autres, cette antique et glorieuse terre, berceau de notre race ! Il n’importe ! Ces haies qui divisent passagèrement nos champs empêchent-elles la terre d’être une ? Non, non, le temps, les événements détruisent ces vaines barrières, et le champ est resté dans son antique unité ; la renaissance de cette vieille Gaule, une, entière et libre, tel doit être le seul but, le seul vœu des fils de Joel ! Enfin, donnez à vos enfants cette virile croyance druidique : — « Que l’homme, immortel et infini comme Dieu, va de monde en monde éternellement revivre corps et esprit dans ces astres innombrables qui brillent au firmament ; » — oui, donnez-leur cette mâle croyance, et ils seront, comme l’étaient nos pères aux temps héroïques de notre histoire : guéris du mal de la mort. Et maintenant, Mylio, mon frère, Florette, ma sœur, puisse votre union être selon les désirs les plus ardents de mon cœur ! Puissent les maux qui menacent ce pays ne pas vous atteindre ! Ah ! croyez-le, Florette, vous serez doublement aimée de nous, car, grâce à vous, notre frère nous revient, et dès aujourd’hui ma femme et moi avons une sœur !

En achevant ces mots, Karvel le parfait, serrant contre son cœur Florette et Mylio, les tient, pendant quelques instants, embrassés. Morise, le front appuyé sur l’épaule de son mari, partage son atten-