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Karvel. — Non, vous n’avez pas été faible, vous avez été mère… vous avez été sœur… le cri de la nature s’est échappé de votre âme, je vous en honore davantage ; car, je le sais, le moment venu, vous ne manquerez à aucun de vos devoirs.

La dame de Lavaur. — Hélas ! je l’espère… Ah ! quelle horrible chose que la guerre !… Nous étions si heureux ! (Regardant son fils et l’embrassant en pleurant.) Dis, mon pauvre enfant, quel mal leur avons-nous donc fait, à ces prêtres ?

Aimery, à Mylio. — Bienvenue soit votre présence en ces temps périlleux, car vous êtes homme de résolution, Mylio… Au revoir, Karvel ; je vous ferai connaître ce soir le résultat de notre entretien avec nos amis.


La dame de Lavaur, avant de quitter la maison du Parfait, s’approche de Florette, qui est restée près de Morise ; Peau-d’Oie, après s’être tenu à l’écart, s’est assis sur un banc et a fini par s’endormir, car il est brisé de fatigue. La dame de Lavaur prend les mains de Florette, et lui dit avec un triste sourire : — Pauvre petite, aussi bonne que dévouée, vous arrivez dans notre pays en des jours malheureux ; puissions-nous les traverser sans perdre aucun des êtres qui nous sont chers ! Quoi qu’il arrive, comptez sur mon affection ! — Florette, émue jusqu’aux larmes, porte avec effusion à ses lèvres la main de la dame de Lavaur ; celle-ci, après un dernier adieu à Morise et au Parfait, sort accompagnée de son fils et d’Aimery.

Mylio la regarde s’éloigner, puis il dit à Karvel : — Non, je ne peux t’exprimer combien je suis touché de la bonté de cette charmante femme… Au milieu de ses angoisses de mère et de sœur avoir eu, avant de quitter cette maison, un souvenir et de bienveillantes paroles pour Florette !

Karvel. — Ah ! frère, c’est un ange que cette femme ! — (Puis, regardant Mylio, les yeux du Parfait deviennent de nouveau humides d’attendrissement ; il ouvre ses bras, et dit à son frère d’une voix entrecoupée :) — Encore un embrassement !… encore…