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doit-on être plus envieux de plaire à la première qu’à la seconde ? »

» 12° — La femme qui, priée d’amour, a causé par ses refus obstinés la mort de son galant, sera-t-elle regardée comme homicide aux yeux du seigneur Dieu, et comme telle, sera-t-elle vouée aux peines éternelles ? (A) »

Telles sont les graves questions soumises à l’infaillible décision de la chambre des doux engagements, et sur lesquelles les populations de l’empire de Cythérée supplient humblement la cour de délibérer et de statuer, afin de prendre ses arrêts pour guides, et de ne point s’exposer à tomber dans une détestable et damnable hérésie en ces matières amoureuses.

Adam-le-bossu-d’Arras. — Comme membre de la cour, je demanderai à notre toute belle et toute gracieuse présidente la permission de présenter une observation sur la dernière question qui nous est soumise.

Marphise. — Illustre trouvère, c’est toujours pour nous un bonheur d’entendre votre voix, parlez ! 


Adam-le-bossu-d’Arras. — M’est avis que la dernière question doit être écartée ; elle ne souffre plus la discussion, ayant été maintes fois affirmativement résolue, et…

Maître Œnobarbus, théologien. — Oui, affirmativement résolue sur mes conclusions, je demande à la cour la permission de les lui rappeler.

Marphise. — Parlez, docte confrère.


Maître Œnobarbus. — Ces conclusions, les voici : — « La cour, consultée sur la question de savoir si une femme qui, par ses rigueurs, cause la mort du galant qui la prie d’amour, est homicide ; considérant : que si l’amour hait les cœurs durs, Dieu les hait aussi ; considérant : que Dieu, de même que l’amour, se laisse désarmer par une tendre prière ; — considérant : que quelle que soit la manière dont vous ayez causé la mort d’un homme, vous êtes coupable de meurtre, dès qu’il appert que cette mort pro-