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— C’est la voix de Peau-d’Oie, il crie à l’aide ! Que se passe-t-il ?

Florette, joignant les mains avec désespoir. — Ah ! je le disais bien, c’était un rêve !

Mylio tire son épée, prend la main de la jeune fille. — Suis-moi, chère enfant, ne crains rien.

Florette. — Ah ! que je meure près de vous, je ne me plaindrai pas !

Le trouvère s’avance rapidement vers la charmille, tenant toujours par la main Florette, qui le suit ; les cris de Peau-d’Oie redoublent à mesure que Mylio s’approche de la haie dont est entouré le jardin du moulin, et derrière laquelle il fait cacher Florette, lui recommandant de rester immobile et muette, puis il franchit la clôture et voit, à la clarté de la lune, le jongleur haletant, soufflant et se colletant avec un homme, dont les traits sont cachés par le capuchon de sa chape brune. À l’aspect de Mylio accourant à son secours, Peau-d’Oie redouble d’efforts et parvient à renverser son adversaire ; abusant alors de sa pesanteur énorme et contenant facilement sous lui l’homme à la chape, le jongleur, mis hors d’haleine par cette lutte, se repose, se vautre, s’étend, se goberge sur le vaincu, qu’il écrase, et qui murmure d’une voix à la fois courroucée et suffoquée : — Misérable… truand… tu… m’étouffes…

Peau-d’oie, d’une voix encore haletante. — Ouf ! après la victoire, qu’il est délectable, qu’il est glorieux de se reposer sur ses lauriers !

L’homme à la chape. — Je meurs… sous cette montagne de chair !

Mylio. — Mon vieux Peau-d’Oie, jamais je n’oublierai le service que tu m’as rendu. Ne bouge pas, maintiens toujours notre homme.

Peau-d’oie, prenant de plus en plus ses aises sur le corps de son adversaire. — Je voudrais bouger que je ne pourrais point, tant je suis essoufflé ; je me trouve, d’ailleurs… assez commodément.

L’homme à la chape. — À l’aide ! au meurtre ! ce gueux me brise les côtes ! à l’aide !