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Auguste, fils de Louis VII, mort en l’année 1180. Ce Philippe-Auguste durant les premières années de son règne, se montra selon le cœur des prêtres : il commença par faire pendre, brûler ou chasser les Juifs de son royaume, et partagea leurs dépouilles avec l’Église ; puis il poursuivit, contre les seigneurs féodaux, la lutte entreprise par son aïeul Louis-le-Gros, dans le dessein de faire rentrer sous l’unique domination royale, la bourgeoisie et le populaire, afin de les exploiter au profit de la couronne. Les guerres civiles et étrangères continuèrent, comme par le passé, de désoler, de ruiner la Gaule ; Philippe-Auguste batailla sans paix ni trêve contre ses grands vassaux et contre ses voisins. En 1182, guerre dans le Berry contre les Brabançons, qui s’en étaient emparés ; en 1183, guerre avec le comte de Flandres, pour la possession du Vermandois ; en 1187 et années suivantes, guerres incessantes contre l’empereur d’Allemagne et contre le roi d’Angleterre ; celui-ci, descendant du vieux Rolf-le-Pirate, possédait le tiers de la Gaule, et augmentait chaque année ses conquêtes. Philippe-Auguste se Croisa comme son père, et comme son père revint rudement battu de la Terre-Sainte, entièrement retombée, sauf deux ou trois villes du littoral, au pouvoir des Sarrasins ; aussi Philippe jura-t-il de ne plus retourner en Palestine.

Cette tiédeur à l’égard de la délivrance du saint sépulcre, et certaines ordonnances très-justement rendues par ce roi contre l’abominable convoitise des prêtres au sujet des mourants qui ne pouvaient tester qu’en présence de leur curé, lequel, pour valider le testament, exigeait toujours la plus grosse part de l’héritage, irritèrent l’Église contre Philippe-Auguste ; aussi l’Église pour se venger du roi l’excommunia, en raison de ce que, déjà marié à Ingerburge, il avait (par surcroît) épousé la belle Agnès de Méranie, dont il était fort amoureux. Le pape délia de leur serment de fidélité les peuples et les barons de Philippe-Auguste, le mit hors la loi, et le détrôna moralement.