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avant ! haut l’épée ! haut la lance ! et tue… tue les communiers ! »

— Et les communiers ont fait fuir le roi des Français ! et les communiers ont exterminé les chevaliers ! — s’écria Colombaïk avec enthousiasme. — Et le fils d’une des victimes de cet infâme renégat d’évêque lui a, justice tardive, fendu la tête d’un coup de hache ! et la cathédrale est en feu ! et les tours seigneuriales s’écroulent ! Ah ! voilà le prix du parjure ! voilà le terrible et juste châtiment de ces gens qui, par orgueil, haine et cupidité, ont déchaîné les fureurs de la guerre civile dans cette cité, hier si tranquille ! Ah ! que le sang versé retombe sur eux ! qu’ils tremblent à leur tour ! La vieille Gaule se réveille après six siècles d’engourdissement… l’heure de la délivrance a sonné !…

— Pas encore, mon enfant !

— Quoi ! le roi est en fuite ! l’évêque est tué ! les Épiscopaux exterminés ou cachés dans leurs caves ! la ville est à nous !

— Et demain ?

— Demain ? Nous conserverons notre conquête !

— Écoute, Colombaïk, et pas un mot de ceci à ta femme ou à ta mère ; à quoi bon les alarmer d’avance ? Pas d’illusion ! Louis-le-Gros a fui devant l’insurrection, qu’il n’était pas en mesure de combattre, avant peu il sera sous les murs de Laon avec des forces considérables.

— Nous résisterons jusqu’à la mort !

— Je le sais, je sais aussi que, malgré notre héroïsme, nous succomberons.

— Mon père…

— Nous succomberons.

— Quoi ! ces franchises payées de notre argent, scellées maintenant de notre sang, ces franchises nous seraient ravies ! nos enfants retomberaient sous le joug abhorré des seigneurs et de l’Église ! Quoi ! mon père, il faudrait désespérer de l’avenir ?

— Désespérer ? Oh ! non, non ; grâce aux insurrections communales provoquées par les atrocités féodales, nos plus mauvais temps