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surtout au siége de la maison du chevalier de Haut-Pourcin qu’Ancel a fait un fameux emploi de son fourgon ! Plusieurs Épiscopaux et leurs serviteurs, retranchés sur une terrasse crénelée, tiraient sur nous à coups d’arbalète ; déjà ils avaient tué ou blessé bon nombre de communiers ; l’on n’osait plus s’approcher de cette maudite maison, et nos gens s’étaient retirés au bout de la rue, lorsque nous apercevons ce forcené chevalier de Haut-Pourcin, son arbalète à la main, se pencher à mi-corps en dehors des créneaux de sa terrasse, afin de voir s’il ne pourrait atteindre quelqu’un des nôtres. En ce moment… — Mais s’interrompant, Simonne dit à son mari : — Achève l’histoire, Ancel ; en parlant je me distrais du pansement de la blessure de notre voisin. — Et tandis que Simonne achevait de donner ses soins à Fergan, le talmelier poursuivit ainsi :

— Moi, voyant le chevalier de Haut-Pourcin se pencher ainsi plusieurs fois en dehors de sa terrasse, je profite d’un moment où il s’était retiré, je me glisse le long des murs jusqu’au bas de sa maison ; et comme la saillie du balcon empêchait qu’il me vît, je guette mon homme ; au bout d’un instant il avance de nouveau le cou, je le happe avec le crochet de mon fourgon juste à la jointure de son casque et de sa cuirasse, je tire… je tire de toutes mes forces, Simonne m’aide, et nous avons l’agrément de faire faire la culbute à ce noble personnage du haut en bas de sa terrasse ; nos communiers accourent ; les Épiscopaux s’élancent hors de la maison du chevalier pour le délivrer ; ils sont repoussés avec perte, nous entrons dans la maison forte…

— Et là ! — s’écria héroïquement Simonne-la-Talmelière, — moi qui ne quittais pas les talons d’Ancel, je me trouve face à face avec cette vieille mégère de dame du Haut-Pourcin, qui hurlait comme une furie : — « Tuez ! tuez ! pas de quartier pour ces vils manants ! exterminez-les ! » — La colère me saisit, et me rappelant les injures que cette harpie m’avait adressées la veille, je saute sur elle, je la prends à la gorge, et, aussi vrai qu’Ancel s’appelle